Voir la source de Amresume 20071012
Aller à :
Navigation
,
rechercher
<h4>> [[ars_magica|Ars Magica]] > [[amannales_andalouses|Annales Andalouses]] > [[amresumes|Résumés]] > Séance du 12 octobre 2007 : Automne 1165 (suite)</h4>\\ ---- \\ <h1>Partie de chasse (suite)</h1>\\ <br>\\ <br>\\ < { [[amresume_20070824|Début Automne 1165]]}\\ \\ (Présents : Christophe (aka [[ampjmaximus|Maximus]] et [[ampjabdel_kader|Abdel Kader]]), Fabrice (aka [[ampjantoine|Antoine]]), Jan (aka Dieu [[tout_-_puissant|Tout-Puissant]] et des milliers de ses misérables créatures), Yahyâ (aka Korman) et un nouveau venu : Gregory (reprenant [[ampjsimeon|Siméon]]) . Bienvenue à lui !<br><br>\\ Remarque : des changements ont été effectués dans le résumé précédent afin d'harmoniser la trame avec celle de la séance présente. [[ampjsimeon|Siméon]] intervient au début du 2e jour de chasse, la discussion sur [[ampnjshirine|Shirine]] est insérée et Aïello disparaît du trajet vers la Forêt aux Sangliers.)\\ \\ <h2>7. [[ampjsimeon|Siméon]] entame son enquête</h2>\\ Pendant que nous tirions des carreaux et des fils d'intrigue à tout va, [[ampjsimeon|Siméon]] n'avait pas perdu son temps. Dès notre départ, il s'était rendu à l'écart, avait découpé un bout de bois sur un tronc d'arbre et créé un lien arcane vers son sanctum. Il se téléporta ensuite vers son antre dans les profondeurs de la montagne. Sortant dans le couloir, il se mit à arpenter le covenant en quête de Dame Anne. Avisant des grogs, il apprit qu'elle était partie tôt le matin. [[ampjsimeon|Siméon]] continua ses recherches et tomba sur [[ampjmaximus|Maximus]] :\\ - ( [[ampjsimeon|Siméon]]) Ah ! Maximus ! Tu es au courant pour [[ampnjshirine|Shirine]] ?\\ - ( [[ampjmaximus|Maximus]]) Oui, je sais. Cette pétasse nous fait encore des problèmes. Je l'avais dit ! Si je la trouve, je l'élimine !\\ - ( [[ampjsimeon|Siméon]]) Euh... Il faudrait entrer dans le sanctum d'Anne. C'est bien là que dort [[ampnjshirine|Shirine]], non ?\\ - ( [[ampjmaximus|Maximus]], sarcastique) Oui. Mais pour entrer chez Anne, je t'en prie, vas-y ! Je ne te retiens pas ! Tu passeras sûrement mieux que moi les protections !\\ - ( [[ampjsimeon|Siméon]]) Mmm. Il y a des grogs qui le nettoient régulièrement, non ?\\ - ( [[ampjmaximus|Maximus]], réfléchissant) Oui.\\ - ( [[ampjsimeon|Siméon]]) Qui nettoie ?\\ - ( [[ampjmaximus|Maximus]], sourire jusqu'aux oreilles) Shirine pardi ! (Puis, se reprenant) Et aussi Clara de temps en temps. » [[ampjsimeon|Siméon]] fit venir Clara et l'envoya dans le sanctum d'Anne chercher des cheveux sur la couche de [[ampnjshirine|Shirine]]. La grog s'exécuta et revint rapidement auprès des deux mages avec ce qui avait été demandé.\\ - ( [[ampjmaximus|Maximus]]) Je devine ce que tu vas faire. Mais, s'il-te-plaît, quand tu lui mets le grapin dessus, coupe-lui la tête !\\ - ( [[ampjsimeon|Siméon]], très froid) Non. Je ne peux pas détruire la propriété d'un autre mage.\\ - ( [[ampjmaximus|Maximus]], haussant les épaules) Bon, ben je retourne chez Aubrin. » [[ampjsimeon|Siméon]] le regarda s'éloigner et entendit encore des bribes comme « Sale petite peste ! » ou « Princesse de mes deux ! » Il passa ensuite à son enquête.<br>\\ <br>\\ Le [[ammaison_criamon|Criamon]] lança un Intellego Corpus pour vérifier qu'il tenait bien des cheveux de [[ampnjshirine|Shirine]] dans la touffe fournie. Rassuré, il constata un peu tard qu'en regardant mieux, il aurait pu déduire que les cheveux blonds qu'il tenait appartenaient à Anne et que ceux de Shirine étaient les noirs brillants et ondulés qui complétaient la touffe. [[ampjsimeon|Siméon]] fit taire tout sentiment confus naissant et se concentra. Quelques minutes plus tard, il avait créé un tunnel intangible vers l'apprentie. Un nouvel Intellego Corpus le renseigna sur la direction et la distance approximative de [[ampnjshirine|Shirine]] par rapport au Covenant. Épuisé par tous ces sorts spontanés lancés en peu de temps, il appela des grogs et les envoya chercher l'apprentie. Il ne savait pas s'ils parviendraient à la capturer mais il décida d'aller se reposer pour attaquer la suite du programme.<br>\\ <br>\\ <h2>8. Une chasse un peu trop dangereuse</h2>\\ Nous avions repris notre marche vers la Forêt aux Sangliers. Il ne nous fallut que peu de temps pour l'atteindre et, d'un pas décidé, j'ouvris la progression, suivi du Sultan et de toute la suite. [[ampjantoine|Antoine]] s'était rapproché de [[ampnjhiram_ibn_harkir|Hiram]] et lui servait de garde du corps avec la pique qu'il tenait d'une main qui voulait apparaître experte. J'étais, pour ma part, assez préoccupé : nous avions désormais deux menaces, celle des assassins et celle incarnée par [[ampnjshirine|Shirine]]. Qu'elle veuille voir son père était tout à fait compréhensible, mais un seul faux-pas ou une hardiesse de sa part et elle était découverte. Shirine vivante parmi nous, notre compte était bon ! Je surveillais donc de près le Sultan et [[ampnjmagued|Magued]], les deux personnes les plus susceptibles d'être approchées par la jeune fille. À cause de ces préoccupations, il me fallut un peu de temps pour me rendre compte du changement perceptible qui avait touché le groupe.<br>\\ <br>\\ Pour la première fois en effet depuis le début de la chasse, les hommes semblaient former un seul corps. Il régnait une cohésion profonde, orientée vers un but commun. S'y mêlait un enthousiasme sourd, une excitation et une allégresse palpables. Nous marchions en silence mais nous baignions dans une aura nouvelle. En regardant autour de moi, je n'eus besoin d'aucun sort pour comprendre : cette forêt aux sangliers qui m'était familière avait un peu changé. C'était une transformation subtile. Elle était toujours aussi touffue qu'avant et les arbres n'avaient pas changé de place. Mais pour la première fois, ils resplendissaient. Le soleil perçait les feuillages et caressait le sol de ses milliers de bras vaporeux. L'or, la pourpre et le roux éclataient sous sa lumière. La forêt était devenue une palette de couleurs chaudes, semblant rire malgré le froid, comme pour mieux défier l'hiver. On entendait les oiseaux pépier au-dessus de nos têtes. Nos pas faisaient craquer les feuilles mortes, frôlant de plantureux champignons, des buissons ardents, et des gerbes de fleurs tardives. Nous marchions dans un univers de perfection. Pour qui savait regarder au-delà des apparences, la forêt avait changé d'aura, devenant magique, oubliant l'obscurité inquiétante de l'Arcadie.<br>\\ <br>\\ L'esprit rendu plus aigu par l'amosphère vivifiante, je retrouvai les traces laissées par les rabatteurs. Il me suffisait de les suivre. En jetant un oeil vers le faîte des arbres, je constatai qu'il devait être aux alentours de midi. Mais les chasseurs semblaient tellement pris (et puis la pause de la matinée avait été suffisamment longue) que je décidai de poursuivre. Après une demie-heure environ, nous arrivâmes près d'une mare abreuvée par une source située sur un rocher la surplombant. Le sol était beaucoup plus humide, spongieux même par endroits. Les hommes se turent. Quelque part, pas très loin de là, les rabatteurs claquaient dans les mains, poussaient des cris. Un grondement se fit entendre. Les sangliers arrivaient.<br>\\ <br>\\ Les chasseurs aguerris se dispersèrent. Un groupe resta sur place. [[ampjantoine|Antoine]] regarda [[ampnjhiram_ibn_harkir|Hiram]] s'éloigner. Mais au lieu de le suivre, il se mit à grimper dans un arbre juste derrière nous ! [[ampnjabi_nassif|Abi Nassif]], lui, restait auprès de moi, pour ne pas blesser l'hôte qui l'accueillait. Il prit son arc. J'avais perdu Magued de vue. Mais des bruits de feuillages violemment repoussés me ramenèrent à d'autres urgences. Une harde venait d'apparaître et galopait vers nous. J'ouvris de grands yeux ronds. Les bêtes étaient énormes ! Les sangliers féeriques avaient visiblement frayés avec la faune locale. Ils étaient une demi-douzaine, faisant au moins un mètre et demi de haut, masses de muscles et d'agressivité fonçant, butées, vers notre groupe. [[ampnjabi_nassif|Abi Nassif]] avait bandé son arc et visait. Je me mis devant lui, la pique plantée dans le sol.<br>\\ <br>\\ Flèches et carreaux se mirent à siffler de toutes parts. La harde était toute proche. Auprès du Sultan, [[ampnjsuleiman_ibn_hassef|Suleiman]] tirait à l'arc, [[ampnjnitran_ibn_malik|Nitran]] à l'arbalète, tandis que Bouktir et Taïn les protégeaient de leurs piques. Soudain, [[ampnjabi_nassif|Abi Nassif]] fit un bond en avant pour tirer. Il dérapa, voulut se rattraper avec son arc qui s'enfonça dans la terre meuble. Un des sangliers était déjà sur lui. Je bondis en avant, brandis mon pieu qui glissa sur le dos de l'animal. Je ressentis un choc terrible et fus projeté en l'air. Splaf ! Je venais de retomber sur le sol moëlleux. Le sanglier fonça sur le sultan. Les choses se passèrent devant mes yeux comme dans un ralenti. Je vis le sultan être embroché, voler dans les airs et atterrir dans la mare dans un plaf retentissant, baignant l'eau de rouge. Poussant un cri, je tirai mon cimeterre et frappait l'animal furieux. Ma lame mordit son cuir, s'enfonça et glissa. Le sanglier avait dévié sa route et galopait au loin. <br>\\ <br>\\ Je rouvris les yeux. Quelques secondes s'étaient écoulées à peine. Ma cuisse me faisait mal. Le sanglier l'avait ouverte jusqu'à l'aine. Un homme était penché sur moi. Je le reconnus, hébété : [[ampnjabi_nassif|Abi Nassif]] semblait soulagé. Je regardai, hagard, la mare où un corps baignait. [[ampjantoine|Antoine]], descendu de son arbre, le repêchait. C'était [[ampnjbouktir_al_rachid|Bouktir]]. Je compris enfin : Bouktir avait volé sous le coup d'un autre sanglier. [[ampnjabi_nassif|Abi Nassif]], lui, était indemne. Tout c'était passé tellement vite que tout le monde avait cru voir son corps être embroché. J'avais agi dans un état second, à une vitesse subliminale, dégainant, frappant et déviant la bête qui aurait dû le toucher. Je sentis comme un poids immense se soulever de ma poitrine. [[ampnjabi_nassif|Abi Nassif]] était sauf !<br>\\ <br>\\ Des cris de joie retentirent non loin. Les autres chasseurs criaient : « On en a eu un ! » Je regardai autour de moi. Mime avait était légèrement blessé. Mais il semblait fort affecté. Le grand âge devait jouer en sa défaveur. Les autres étaient indemnes. [[ampnjbouktir_al_rachid|Bouktir]], lui, pissait le sang, inerte. Entre ses jambes, un énorme trou. Je détournai les yeux. Les autres arrivèrent, portant leur prise. [[ampnjmagued|Magued]] et Marik étaient ravis : ils l'avaient eu ensemble. [[ampnjbarbas|Barbas]] et [[ampnjidil_ibn_oumar|Idil]] apparurent à leur tour, portant également une énorme bête. Ils l'avaientblessé à l'arc et tué au pieu. Les fêtards se turent d'un coup en voyant nos mines défaites et le corps ensanglanté de [[ampnjbouktir_al_rachid|Bouktir]]. Idil se précipita et se mit à panser la plaie béante. Il agissait comme un militaire, avec efficacité mais sans douceur. Malmenant le corps du malheureux conseiller, il nettoya la plaie et fit un bandage pour arrêter l'hémorragie. Je préférai ne pas regarder. D'autres, ayant voulu voir, s'étaient détourné et vomissaient derrière un arbre. J'ordonnai à [[ampjzamma|Zamma]] me de faire une civière avec Iguinaga. Il fallait agir vite.<br>\\ <br>\\ Tout en gérant la situation, je constatai que les Almohades semblaient mal à l'aise. Ils hésitaient quant à la meilleure manière de réagir vis-à-vis de leurs prises et vis-à-vis de moi qui, blessé, donnais des ordres pour préparer le retour rapide au camp. Je tentai de me soigner mais réussis seulement à me charcuter un peu plus. [[ampjantoine|Antoine]] se disait prêt à m'aider, mais je croyais qu'il voulait guérir magiquement ma blessure et voulais l'amener à soigner prioritairement [[ampnjbouktir_al_rachid|Bouktir]]. La douleur me montait à la tête, bref, je cafouillais. [[ampjzamma|Zamma]] prit heureusement le relais. Sans avoir l'air de s'imposer, il fit vider les sangliers, déposa Bouktir sur la civière et lança le signal du départ. Je marchais près du Sultan, le visage livide, me mordant les lèvres dès que je voulais crier. Ma main se portait alors sur l'épaule la plus proche. [[ampnjabi_nassif|Abi Nassif]] se laissait faire, ne cessant de louer ma bravoure, mon courage et le fait que je venais de lui sauver la vie. J'entendais la moitié de ses paroles, comprenais à peine et m'en foutais pour l'heure, complètement réduit à cette déchirure qui m'ouvrait la cuisse. <br>\\ <br>\\ <h2>9. Engueulade entre mages</h2>\\ [[ampjsimeon|Siméon]] s'était reposé. Il devait agir avec efficacité. Il sortit du covenant et se rendit dans le labo Intellego. Il y régnait, comme à l'accoutumée, une atmosphère humide et froide qui rongeait les articulations. [[ampjsimeon|Siméon]] lança un premier sort, destiné à maintenir sa concentration. Il se reposa un peu puis regarda dans le lien arcane qui le liait à [[ampnjshirine|Shirine]]. Il vit la montagne. La jeune fille bougeait. Il se concentra et lança un sort de sommeil sans savoir s'il avait réussi. L'instant d'après, il se téléporta sur elle.<br>\\ <br>\\ Sortant de l'imbroglio de membres et de chair, [[ampjsimeon|Siméon]] se releva, très digne. Shirine, estomaquée, se releva. Elle semblait ahurie. [[ampjsimeon|Siméon]] frémit : elle n'était pas seule. À côté d'elle, Dame Anne la regardait, un peu surprise. Derrière elles, un rideau de buissons permettait de surveiller le camp de base des chasseurs.\\ - ( [[ampjsimeon|Siméon]], secouant la poussière sur sa robe) Dame Anne... que faites-vous là ?\\ - (Anne, visiblement furieuse) Tu as lancé un sort ? Sur [[ampnjshirine|Shirine]] ?\\ - ( [[ampjsimeon|Siméon]], interloqué) Oui.\\ - (Anne) Contre MON Parma ?\\ - ( [[ampjsimeon|Siméon]], imperturbable) Oui.\\ - (Anne, glaciale) La prochaine fois que tu lances un Mentem sur un autre mage, tu auras de graves ennuis. Je vais porter cela au Conseil !\\ - ( [[ampjsimeon|Siméon]], déterminé) J'ai passé la matinée à chercher votre apprentie !\\ - (Anne, rouge) Je ne t'ai pas envoyé la chercher mais seulement aller avertir Aïello ! Je peux retrouver mon apprentie toute seule !\\ - ( [[ampjsimeon|Siméon]], de plus en plus froid) Ah oui ? Apprenez alors à garder votre chambre ! Si vous n'êtes pas capable de garder votre apprentie, alors n'en ayez pas ! » Anne le fusilla du regard. [[ampnjshirine|Shirine]], elle, se tenait en silence, majestueuse, comme si toute la faute incombait au bouseux qui la souillait de sa présence. Sans un mot, Anne reprit son apprentie et s'éloigna, non sans décocher un dernier éclair au Criamon qui les regardait, aussi figé qu'un roc. Puis, lentement, [[ampjsimeon|Siméon]] rejoignit le camp.\\ <br>\\ <br>\\ \\ <h2>10. Où l'on apprend beaucoup</h2>\\ Abdel Kader était rentré. Il s'activait pour préparer le retour des chasseurs. Il avait apprêté une table de chirurgie : on ne savait jamais. Il envoya un éclaireur se poster sur le sentier pour guetter le retour des chasseurs. L'homme revint en début d'après-midi, annonçant la présence de blessés. [[ampjabdel_kader|Abdel]] envoya plusieurs gardes les aider et fit dresser deux nouvelles tables de soin dont une dans la tente d' [[ampjaiello|Aïello]]. La prima était revenue et se préparait à soigner, loin des regards indiscrets, ceux qui le nécessiteraient. <br>\\ <br>\\ Je fus soulagé en voyant le camp. [[ampjabdel_kader|Abdel]] avait encore agi avec brio. Il s'avança et, très vite, attira l'attention des chasseurs valides en les félicitant sur le produit de leur chasse. Bientôt, l'ambiance du camp sembla revenir au beau fixe. Pendant ce temps, [[ampjaiello|Aïello]] emmena [[ampnjbouktir_al_rachid|Bouktir]] dans sa tente. Ne sachant trop quel résultat elle obtiendrait, je tentai d'expliquer au Sultan qu'elle possédait un grand talent pour soigner les gens. Quelques longues minutes s'écoulèrent puis [[ampjaiello|Aïello]] ressortit. Elle avait stabilisé le blessé. [[ampnjmime|Mime]] fut introduit à son tour et en ressortit assez vite, l'air beaucoup plus détendu. Il se dirigea vers sa tente pour prendre du repos comme [[ampjaiello|Aïello]] le lui avait recommandé. J'entrai à mon tour, plein d'espoir. Dans la tente, Bouktir était étendu sur une planche en bois, pâle, un cataplasme lui barrant la taille. Je me tournai vers la Prima. Visiblement, elle était fatiguée. Elle tenta de me soigner mais me fit grincer de douleur. « Qu'est-ce que tu fous ? » murmurai-je. [[ampjaiello|Aïello]] recommença et n'obtint qu'un résultat décevant. Encore une fois, c'était pour ma pomme ! Je pestai en silence, mais la remerciai d'avoir essayé. Avant de sortir, aussi raide qu'avant.<br>\\ <br>\\ Les feux étincelaient dans la lumière du couchant. Nous avions dressé une grande table et faisions la fête. Les Almohades étaient ravis. L'ombre de [[ampnjbouktir_al_rachid|Bouktir]] s'était un peu évaporée pour permettre à la joie des bien portants de s'exprimer et de célébrer cette chasse qui répondait si bien à leurs attentes. [[ampjsimeon|Siméon]] se retira très tôt pour réapparaître sous les traits d'un des serviteurs. Il approcha les invités et se mit à sonder leur esprit en accrochant leur regard. Et ce qu'il apprit, en fouillant leur esprit comme dans un livre, fut extrêmement précieux.<br>\\ <br>\\ Ainsi, il s'attaqua en premier lieu à Rassan, l'homme à l'aura la plus trouble selon Wigéric. Le nouveau gouverneur de [[amville_motril|Motril]] ne savait rien à propos de [[ampnjhiram_ibn_harkir|Hiram]]. Par contre, il se révéla comme un homme très ambitieux, voulant être un commerçant toujours plus riche.<br>\\ <br>\\ Ce fut ensuite le tour d' [[ampnjidil_ibn_oumar|Idil]], le vieux général de Grenade. Il se débattait avec deux sentiments opposés. D'une part, il voulait s'amuser. Il avait aimé cette chasse avec des blessés : cela prouvait qu'il s'agissait bien d'une vraie chasse, et le sang versé, les tripes défoncées témoignaient de la brutalité présente dans la vie. [[ampnjidil_ibn_oumar|Idil]] était satisfait d'avoir blessé un sanglier. Il se sentait fort, viril, vivant. D'autre part, il détestait les chasses prétextes avec des marchands. Il était venu pour convertir au cimeterre, pas pour assister à d'incessants marchandages. Tout entier dévoué au Sultan, il était peiné de voir celui-ci obligé de traiter avec ces rapaces. Quant à [[ampnjhiram_ibn_harkir|Hiram]], Idil l'aimait beaucoup. Il trouvait ce jeune très prometteur pour l'armée et, bien que [[ampnjhiram_ibn_harkir|Hiram]] ne soit pas un descendant direct du Sultan, il l'avait promu.<br>\\ <br>\\ [[ampjsimeon|Siméon]] se détourna. Cet exercice de lecture était riche en enseignement mais fastidieux. Farfouiller dans un esprit lui semblait profondément assommant. Son sentiment s'en trouva lorsqu'il s'attaqua à [[ampnjsuleiman_ibn_hassef|Suleiman]], l'un des esprits les plus complexes qu'il ait eu à sonder. Le vieil oncle du Sultan (plus de 65 ans) était le doyen du groupe. Il le savait et, assurément, avait une haute opinion de lui-même. [[ampnjabi_nassif|Abi Nassif]] était Sultan grâce à des gens comme [[ampnjsuleiman_ibn_hassef|Suleiman]] qui l'avaient aidé. Le marchand n'était pas honteux de profiter de la guerre : on pouvait marier harmonieusement écrasement des infidèles et intérêt personnel commercial. Pourtant, [[ampnjsuleiman_ibn_hassef|Suleiman]] semblait un peu gêné par son neveu, ainsi que par [[ampnjidil_ibn_oumar|Idil]]. Ils y croyaient un peu trop, étaient trop pris dans le devoir religieux, trop intègres. Et ces intégristes avaient 10.000 hommes derrière eux ! [[ampjsimeon|Siméon]] l'interrogea sur [[ampnjhiram_ibn_harkir|Hiram]]. L'esprit de [[ampnjsuleiman_ibn_hassef|Suleiman]] révéla que la mort du cousin du Sultan l'arrangerait bien pour mettre un autre pion à sa place et contrôler la Porte de [[amville_motril|Motril]] d'où partaient les grosses caravanes. Il n'y avait rien de personnel dans l'inimitié de [[ampnjsuleiman_ibn_hassef|Suleiman]] : simplement, [[ampnjhiram_ibn_harkir|Hiram]] était à la mauvaise place, une gêne dans son ambition. Pas de sentiments très négatifs : ceux-ci étaient davantage orientés contre [[ampnjabi_nassif|Abi Nassif]] et Idil. [[ampjsimeon|Siméon]] put constater également que l'esprit de [[ampnjsuleiman_ibn_hassef|Suleiman]] travaillait en permanence. À chaque instant, le marchand cherchait à maximiser ses profits, pensait à chacune de ses caravanes, chacun de ses navires qui transportaient des produits à vendre. Il modifiait des plans, mémorisait des points à régler, etc. Il se moquait éperdument de cette chasse qu'il espérait voir se terminer au plus vite. Et était bien content d'être rentré indemne.<br>\\ <br>\\ [[ampjsimeon|Siméon]] se retira et vint me voir pour faire son rapport. Me voyant grimacer à cause de ma cuisse, il me suggéra au passage de me lancer un sort Endurance du Berserk pour ne pas ressentir la douleur. Je fus très gêné : je n'y avais pas pensé ! Je recommandai à [[ampjsimeon|Siméon]] de s'attaquer à [[ampnjmagued|Magued]] pour connaître ses sentiments sur Shirine. [[ampjsimeon|Siméon]] poussa un soupir et retourna au travail.<br>\\ <br>\\ L'esprit de [[ampnjmagued|Magued]] était assez confus. Le jeune homme ne cessait de s'interroger : est-ce moi qui ai eu le sanglier ? Ou bien l'ai-je seulement blessé pour que Marik rafle la mise ? Je me fais [[ampnjnazil|Nazil]] ce soir ou pas ? [[ampjsimeon|Siméon]] s'arrêta : [[ampnjmagued|Magued]] était-il homosexuel ? Le jeune homme aimait beaucoup [[ampnjnazil|Nazil]], son page. Et son opinion sur les femmes semblait assez négative. En effet, [[ampnjmagued|Magued]] la considérait comme une « chieuse », une pêcheresse qui avait eu des relations sexuelles avant le mariage (il pouvait causer, lui !) et qui, péché suprême, s'était suicidée. Il en déduisait une confirmation : ne jamais faire confiance aux femmes ! [[ampjsimeon|Siméon]] constata seulement que [[ampnjshirine|Shirine]] occupait une place mineure dans l'esprit du jeune homme. Et cela était d'autant plus vrai que [[ampnjmagued|Magued]] était un des enfants des 6 épouses du Sultan ! Par précaution, [[ampjsimeon|Siméon]] lui posa alors la question de l'assassinat de [[ampnjhiram_ibn_harkir|Hiram]]. La réponse fut immédiate : [[ampnjmagued|Magued]] attendait que cela se produise. [[ampjsimeon|Siméon]] fut surpris. Il alla plus loin. [[ampnjmagued|Magued]] voulait la mort de [[ampnjhiram_ibn_harkir|Hiram]] car celui-ci occupait le poste qui lui était dû ! Le fils du Sultan était allé voir [[ampnjsuleiman_ibn_hassef|Suleiman]] qui l'avait rabroué. Mais [[ampnjmagued|Magued]] avait insisté. [[ampnjsuleiman_ibn_hassef|Suleiman]] avait alors cédé, promettant de voir ce qu'il pourrait faire. Magued savait pertinemment que l'élimination de [[ampnjhiram_ibn_harkir|Hiram]] arrangerait aussi son grand-oncle.<br>\\ <br>\\ [[ampjsimeon|Siméon]] retourna alors voir [[ampnjsuleiman_ibn_hassef|Suleiman]]. Il replongea à contre-coeur dans les méandres de l'esprit du marchand. Heureusement qu'il venait avec des questions précises. Il trouva immédiatement ses réponses : [[ampnjsuleiman_ibn_hassef|Suleiman]] ne pouvant décemment commanditer un meurtre, il avait chargé Rasan de s'en charger. Il ne l'avait même pas demandé lui-même, préférant lui envoyer un homme de confiance, un dénommé... Fafr. Tout s'était passé par sous-entendus. De la sorte, [[ampnjsuleiman_ibn_hassef|Suleiman]] pourrait jurer sur le Coran qu'il n'avait rien commandité du tout, sans se parjurer. De plus, Rassan était un supérieur hiérarchique à [[ampnjsuleiman_ibn_hassef|Suleiman]]. C'était là une manoeuvre très subtile, preuve supplémentaire de l'esprit retors du marchand. En fait, Suleiman avait suggéré qu'un changement à la Porte de [[amville_motril|Motril]] serait bénéfique sur le plan des taxes. Et cette chasse qui s'annonçait...<br>\\ <br>\\ Lorsque [[ampjsimeon|Siméon]] me raconta tout cela, je restai interdit. Je lui demandai de s'attaquer à Rassan pour confirmer tout cela et pour l'interroger spécifiquement sur Ishahan, le marchand disparu de Motril, ainsi que sur toute personnalité sournoise de cette ville qui puait le démon. Et tant qu'il était, qu'il s'attaque à tous les autres ! On ne pouvait plus rien laisser au hasard ! [[ampjsimeon|Siméon]] promit d'aller voir Rassan. Pour les autres, le temps avançait et le repas allait se terminer. Il faudrait sans doute attendre. Il rappela aussi combien ce travail était fatigant et ennuyeux. Je ne pus que le remercier pour les efforts fournis. [[ampjsimeon|Siméon]] se leva et retourna voir Rassan.<br>\\ <br>\\ Oui, le gouverneur attendait que [[ampnjhiram_ibn_harkir|Hiram]] décède durant la chasse, puisque Fafr avait dit que tout était organisé. [[lui_-m|Lui-m]]ême n'avait fait que transmettre le message. Si [[ampnjhiram_ibn_harkir|Hiram]] mourait, le problème concernerait [[ampnjsuleiman_ibn_hassef|Suleiman]]. Oui, tout se passait bien avec [[ampjkorman|Korman]] et il était sûr que quelque chose était planifié. Certes, [[ampjkorman|Korman]] avait été blessé, ce qui lui inspirait moins confiance. À moins que la véritable cible ait été [[ampnjbouktir_al_rachid|Bouktir]] ? Au fond, était-ce bien [[ampnjhiram_ibn_harkir|Hiram]] qui était visé ? Rassan commençait à douter. [[ampjsimeon|Siméon]] porta alors son attention sur l'idée d'Ishahan. La réponse fut instantanée. Oui, Rassan connaissait bien ce marchand almoravide. C'était un commerçant toujours en vadrouille, qui traitait librement et depuis des années avec les ports de l'Afrique du Nord. Il avait ainsi noué de solides contacts almohades et disposait de puissants appuis. Non, Rassan ne l'aimait pas. Ishahan était protégé et Rassan ne connaissait pas ces protecteurs. Oui, il était content qu'Ishahan se soit enfui quand [[ampnjsuleiman_ibn_hassef|Suleiman]] était devenu trop puissant à [[amville_motril|Motril]]. Il avait suffi de lui confisquer un navire pour qu'il comprenne qu'il n'était plus le bienvenu. [[ampjsimeon|Siméon]] comprit qu'en fait, Rassan avait été un militaire, détestant les marchands jusqu'à ce que [[ampnjsuleiman_ibn_hassef|Suleiman]] arrive et lui ouvre l'esprit sur les potentialités de la profession. Converti aux joies du négoce, il cherchait à s'en mettre plein les poches. [[ampjsimeon|Siméon]] orienta alors son investigation plus loin. Il apparut que Rassan connaissait plein de mages et qu'il les avait fait exécuter. Il était venu pour nettoyer l'Andalousie. L'ancien gouverneur de [[amville_motril|Motril]] avait eu des conseillers malsains. Ceux qui n'avaient pas réussi à fuir, Rassan les avait écartelés avant de les jeter aux poissons. Il avait aussi brûlé la bibliothèque du palais : il n'y avait plus aucune raison pour que des hommes aussi malsains reviennent dans la ville. [[ampjsimeon|Siméon]] s'apprêta à ressortir mais posa une dernière question : « Où est Fafr ? » Sans doute dans l'une des propriétés de Suleiman à [[amville_motril|Motril]]...<br>\\ <br>\\ <h2>11. Palabres nocturnes</h2>\\ [[ampjsimeon|Siméon]] apparut dans notre tente et nous raconta par le menu ses découvertes.\\ - ( [[ampjsimeon|Siméon]]) Et maintenant, on fait quoi ?\\ - ( [[ampjabdel_kader|Abdel]]) On dit tout au Sultan. C'est pas notre affaire.\\ - ( [[ampjkorman|Korman]]) Moui. Mais avant, on le sonde. Jusqu'à maintenant, on a fait comme si le Sultan était hors de cause. Mais cela ne m'étonnerait plus s'il était impliqué dans une combine ! Je ne veux pas de surprise ! [[ampjsimeon|Siméon]] ?\\ - ( [[ampjsimeon|Siméon]], protestant) Humhum... Sonder un sultan, c'est dur ! C'est en général quelqu'un disposant d'une aura religieuse forte. Je ne crois pas que cela soit possible.\\ - ( [[ampjkorman|Korman]]) S'il-te-plaîîîît.\\ - ( [[ampjsimeon|Siméon]]) Grmblblbl. Bon. » Il sortit et revint quelques minutes plus tard.\\ - ( [[ampjsimeon|Siméon]], maussade) Je l'avais dit, impossible !\\ - ( [[ampjantoine|Antoine]]) Dire ou pas dire à [[ampnjabi_nassif|Abi Nassif]] ? C'est un problème. Le Sultan est très à cheval sur les formes. Je suggère de lui parler de Fafr et de le laisser remonter le courant.\\ - ( [[ampjsimeon|Siméon]]) On peut utiliser cet avantage et devenir les conseillers d' [[ampnjabi_nassif|Abi Nassif]]. Lorsqu'il veut savoir quelque chose, il fait appel à nous ! On pourrait alors lui demander une faveur : écarter l'imam.\\ - ( [[ampjabdel_kader|Abdel]] et [[ampjkorman|Korman]]) Pour la faveur, on va attendre. Ce n'est pas urgent et en plus, on apparaîtrait un peu trop intéressés. Et puis, nous avons décrit l'imam comme un brave homme !\\ - ( [[ampjsimeon|Siméon]]) [[ampnjabi_nassif|Abi Nassif]] doit être quelqu'un de dur quand il a pris une décision. Je pense au précédent de [[ampnjshirine|Shirine]]. Mais tant qu'on peut prouver qu'on lui est utile...\\ - ( [[ampjkorman|Korman]]) Je suis d'accord qu'il faut lui dire les choses. On n'a pas trop le choix ! Mais comment les présenter sans briser le modus vivendi qui existe entre lui et nous ? Je veux rappeler que nous n'avons jamais dit que nous étions des mages même s'il le devine sûrement et il ne nous l'a jamais demandé. Il n'en avait pas besoin. Il ne faut pas, et c'est un absolu, le forcer à devoir nous le demander. Le modus vivendi permet à chaque partie de rester droite dans ses bottes et de tolérer l'autre. Comment expliquer alors qu'on sait pour Fafr alors qu'il n'est pas là ?\\ - ( [[ampjsimeon|Siméon]] et Abdel) On peut parler subtilement : « Il serait bizarre que », « il semblerait que », « on pourrait imaginer que », « une autre hypothèse est que ». Parler sous forme de suppositions. Et pour [[ampnjshirine|Shirine]], je suggère d'évoquer une histoire, une légende évoquant une fille qui a été livrée au bourreau par son père. On verra comment il réagira.\\ - ( [[ampjkorman|Korman]]) Pas ce soir ! [[ampnjshirine|Shirine]] devra attendre. Même si une nouvelle surprise de sa part n'est pas impossible demain, il faut se focaliser sur les priorités du moment. Qui parle au Sultan ?\\ - (Les autres mages, en choeur) Ben, toi !!! »<br>\\ <br>\\ \\ Je n'avais pas le choix. Disposant du don de velours et officiellement chef de la communauté, un titre que mes sodalès s'empressaient de railler à chaque occasion, je devais porter la mauvaise nouvelle. [[ampjsimeon|Siméon]] m'accompagna, faisant semblant de me soutenir. Le sort Endurance du Berserk avait mis fin à la souffrance et je pouvais marcher normalement mais mieux valait garder les apparences. Nous sortîmes donc ensemble dans la nuit.<br>\\ <br>\\ À l'entrée de la tente du Sultan, Youri et Igor montaient la garde. Je demandai une audience et quelques secondes plus tard, j'entrai dans la tente, [[ampjsimeon|Siméon]] étant retenu au dehors. [[ampnjabi_nassif|Abi Nassif]] attendait, assis dans un amas de coussin soyeux, caressant négligemment le magnifique lévrier blanc assis à ses pieds.\\ - (Ab Nassif) Mon bon [[ampjkorman|Korman]], qu'Allah vous bénisse ! Que puis-je pour vous ?\\ - ( [[ampjkorman|Korman]]) [[pardonnez_-moi|Pardonnez-moi]] de vous déranger si tard, ô Commandeur des Croyants, mais je viens avec des nouvelles... euh... délicates et pénibles.\\ - ( [[ampnjabi_nassif|Abi Nassif]]) De quoi s'agit-il ?\\ - ( [[ampjkorman|Korman]]) Hum. Vous vous rappelez qu'hier, vous avez eu une conversation avec Dame [[ampjaiello|Aïello]] et Messire Abdel Kader concernant un projet funeste.\\ - ( [[ampnjabi_nassif|Abi Nassif]], impassible) Oui.\\ - ( [[ampjkorman|Korman]]) Et que ce projet visait à ce qu'un accident mortel survienne à votre cousin [[ampnjhiram_ibn_harkir|Hiram]] ? Vous avez marqué votre surprise et nous en avons déduit que cet ordre n'avait pas lieu d'être. Nous sommes à votre entier service, Votre Altesse. Vous le savez. » [[ampnjabi_nassif|Abi Nassif]] ne dit rien. Il se contentait de regarder de temps en temps son chien, le caressant avec douceur. Si je n'avais su qu'il éprouvait une dette à mon égard, j'aurais pu croire qu'il s'ennuyait. Je poursuivis. « Majesté, nous avons donc mené notre enquête pour savoir qui était le véritable commanditaire de cet assassinat. La chasse est un moment privilégié où les hommes se rapprochent de la nature. Plongés dans la lutte entre la vie et la mort, baignés des paysages que le Créateur a dessinés, ils sont davantage enclins à... à se livrer. Ils baissent leurs gardes, laissent échapper des petits détails qui, mis ensemble, finissent pas laisser entrevoir un pan de vérité. Hum... ( [[ampnjabi_nassif|Abi Nassif]] écoutait, toujours aussi imperturbable). Ainsi donc, ces deux derniers jours, nous avons pu mettre le doigt sur des suppositions. Il semblerait que Fafr soit en fait un employé de votre oncle [[ampnjsuleiman_ibn_hassef|Suleiman]]. Il aurait été envoyé par ce dernier auprès du gouverneur de [[amville_motril|Motril]], Sire Rassan, pour préparer la chasse. En ce inclus l'accident. Bien évidemment, je suis sûr que rien n'a été dit ouvertement. La question qui s'est posée à nous c'est : pourquoi ? Hum... Voilà, euh... Il se pourrait bien que quelqu'un soit allé voir votre oncle pour lui demander d'éliminer Hiram. Ce quelqu'un serait... votre fils, [[ampnjmagued|Magued]]. Il aurait agi ainsi parce qu'estimant que votre cousin occupe la place qui lui est due. Tel est, Majesté, le résultat de nos recherches. Il nous fallait vous les communiquer. Quels sont vos ordres ? » Je m'inclinai devant un Sultan qui sembla quelques secondes moins impassible qu'avant. À tout le moins, il n'était pas préparé à de telles ramifications dans le complot contre son cousin. Il resta silencieux puis, reposant un pan de sa tunique, il déclara, d'une voix qu'il tenta de montrer assurée :\\ - ( [[ampnjabi_nassif|Abi Nassif]]) Mes ordres ? Quels ordres ? Une chasse est une chasse, [[ampjkorman|Korman]]. Allah seul sait ce qui peut arriver. Si un accident peut être évité, qu'il le soit.\\ - ( [[ampjkorman|Korman]]) Nous vous sommes fidèles, ô Commandeur des Croyants et vous savez que vous pouvez compter sur nous et sur notre discrétion.\\ - ( [[ampnjabi_nassif|Abi Nassif]]) Je vous en remercie, mon ami. Vous ne serez plus embarrassé par ces intrigues.\\ - ( [[ampjkorman|Korman]]) Merci, Seigneur. Je comprendrais que si rien ne se passe demain, les comploteurs se posent des questions, voire se sentent trahis. Vous savez que des représailles sont alors possibles. »\\ [[ampnjabi_nassif|Abi Nassif]] acquiesça, en silence. Il semblait de plus en plus nerveux. La main qui caressait son chien tremblait. Je compris qu'il lui fallait réfléchir, sans perdre de sa dignité. Je m'inclinai à nouveau.\\ - ( [[ampjkorman|Korman]]) [[puis_-je|Puis-je]], votre Altesse, solliciter votre permission pour me retirer et aller soulager cette douleur qui me taraude ?\\ - ( [[ampnjabi_nassif|Abi Nassif]]) Faites, Korman. Je bénis ce jour où je vous ai rencontré car grâce à vous, je suis en vie. Allah bénisse votre bras et votre courage. » Je laissai le Sultan, le coeur soulagé et en même temps gonflé d'orgueil. Certes, ces formules étaient un peu creuses, mais était-il faux de dire qu'il me devait la vie ? Je vis [[ampjsimeon|Siméon]] qui semblait résigné :\\ - ( [[ampjsimeon|Siméon]], me montrant du menton les deux gardes du corps) J'ai essayé de lire leurs pensées mais ils n'arrêtent pas de regarder dans tous les sens. Ils sont tout le temps occupés. D'excellents gardes. Et sans doute de piètres esprits. »<br>\\ <br>\\ \\ Nous retournâmes dans la tente. J'expliquai la situation : pour le moment, le Sultan voulait simplement qu'on protège [[ampnjhiram_ibn_harkir|Hiram]]. Pour le reste, il allait falloir attendre. J'évoquai alors un autre point : quid de la vente des arbalètes ? Il fallait savoir pourquoi les deux généraux refusaient l'achat de ces armes et voir comment les persuader. [[ampjsimeon|Siméon]] accepta de se charger de l'exploration des motifs dès le lendemain matin. Je demandai ensuite s'il y avait moyen de soigner [[ampnjbouktir_al_rachid|Bouktir]]. Antoine, [[ampjsimeon|Siméon]] et [[ampjaiello|Aïello]] m'expliquèrent que cela coûterait 4 pions de vis Creo ou Corpus, pour fermer la plaie, 8 pour recoller les morceaux. Nous n'avions pas ces quantités et en outre, c'était cher payer pour un mondain. [[ampjsimeon|Siméon]] proposa néanmoins de retrouver les parties génitales manquantes qui devaient, il fallait l'espérer, traîner quelque part près de la mare dans la forêt aux sangliers. Cela nous permettrait d'avoir un lien arcane avec [[ampnjbouktir_al_rachid|Bouktir]], toujours très utile, voire de négocier avec lui plus tard le recollage de cette partie anatomique au reste du corps. Nous lui donnâmes notre accord.<br>\\ <br>\\ [[ampjsimeon|Siméon]] partit donc dans la nuit, accompagné de deux grogs. Les autres allèrent se coucher. Le Criamon alla dans la tente de Bouktir et lança un sort pour tenter de localiser la chair manquante. Il obtint un résultat approximatif mais suffisant pour se mettre en route. Emmenant ses grogs, il s'enfonça dans la forêt et, relançant son sort à intervalles réguliers, finit par retrouver ce qu'il cherchait. C'était un bout de corps déchiqueté et peu reconnaissable. [[ampjsimeon|Siméon]] le recueillit, le protégea par un sort de dégénérer encore et les ramena discrètement au camp. <br>\\ <br>\\ <h2>12. Nouvelles informations</h2>\\ Le petit déjeuner s'était déroulé sans anicroche. L'ambiance était un peu plus tendue et certains Almohades annoncèrent leur désir de rester au camp : Mime, Dafr et Suleiman ne voulaient sans doute plus prendre de risque. Siméon profita du repas pour sonder les esprits, comme il l'avait fait la veille avec brio. Il s'attaqua d'abord à Marik, le fils de Suleiman. Ce cousin du Sultan, dans la trentaine, semblait hors du complot. Il tenait le comptoir de son père à Motril et connaissait lui aussi Ishahan. Il était bien content que ce dernier soit parti. Il avait quelques idées sur l'identité des protecteurs de l'Almoravide. Il avait fait pression sur Rassan pour réquisitionner un des navires d'Ishahan mais avait constaté avec dépit que le gouverneur se l'était ensuite réservé. Marik était également gêné par Taïn car celui-ci gérait admirablement le marché du bois. La Sierra Nevada était une formidable réserve pour vendre du bois sur tous les grands chantiers d'Afrique du Nord jusqu'en Egypte. Il y avait là de plantureux profits à faire et Marik voulait mettre un pied dans ce secteur. Pour le moment, il se contentait des céréales, huile et autres denrées de base.<br>\\ <br>\\ Nitran n'était pas non plus impliqué. Il voulait vendre ses armes aux chefs d'armées et n'était pas croyant pour deux sous. Il faisait semblant des Almohades puisque cela servait ses affaires. Pour lui, les intégristes avaient une qualité : on pouvait leur vendre des armes. Leur principal défaut était cependant qu'ils résistaient à la corruption. D'où un grand danger, celui de les voir réquisitionner du matériel au nom d'Allah. Perte sèche pour le marchand. Nitran appréciait chez Suleiman son ascendant sur le Sultan, ascendant qui lui permettait de protéger les intérêts des marchands. Par contre, il ne l'aimait pas pour ce népotisme qu'il incarnait : contrairement à lui, Nitran s'était fait tout seul, sans aide et sans appui familial. La clé de son succès résidait dans le fait qu'il passait par des marchands juifs qui circulaient entre musulmans et chrétiens. Les autres marchands musulmans boudaient les juifs qu'ils jugeaient inférieurs. Nitran, lui, ne s'embarrassait pas de telles vues. Il vendait à tout le monde, y compris à des chrétiens grâce à ses précieux intermédiaires. Il se moquait d'où venait l'argent qui lui garnissait les poches. Basé à Cordoue, il avait deux contacts :\\ - Moshé avec qui il menait ses trafics d'armes (dont les arbalètes)\\ - et Zimon avec qui il négociait les autres biens (papier, livres, produits de luxe, etc.).<br>\\ \\ Nitran avait bien un atelier dans les banlieues de Cordoue mais c'était avant tout un alibi : il savait que des considérations religieuses, et non militaires, freinaient fortement ses ventes. En même temps, il n'arrivait pas à produire des arbalètes ni de qualité ni en quantités suffisantes. Les bons armuriers étaient bien trop rares. Il avait bien quelques esclaves chrétiens, mais cela ne suffisait pas ! Pour contourner les problèmes religieux, Nitran avait fait des dons pour trois mosquées. Il disposait donc d'appuis religieux : « La Foi, ça s'achète ! »<br>\\ <br>\\ Zamma avait repéré un troupeau de bouquetins dont le chef arborait une impressionnante paire de cornes. Tandis qu'Ainhoa s'envolait vers les hauteurs de la montagne, Aïello décida de rester au camp pour surveiller Suleiman. Siméon et Antoine montèrent sur des mules, j'enfourchai mon cheval et nous partîmes vers les sommets.<br>\\ <br>\\ <h2>13. Grimpette</h2>\\ Au bout de quelques heures, nous mîmes pied à terre. Quelques pages restèrent pour garder les chevaux et les mules. Nous devions désormais marcher. Zamma nous conduisit à travers les pentes caillouteuses, grimpant toujours plus haut. Au bout d'un long moment, il s'arrêta et désigna des taches brunes sur fond gris. Les bouquetins paissaient paisiblement des herbes inaccessibles. En voyant le relief, je fus ravi d'avoir songé à me lancer un Pas du Derviche à mon réveil, en plus d'un sort pour masquer mon tatouage et celui pour ne pas subir la douleur due à ma plaie. Autour de moi, l'excitation était montée de quelques crans. La vue du gibier avait réveillé les ardeurs des chasseurs et l'envie d'en découdre animait bien des regards. Il fut décidé de séparer le groupe en 2, un premier attendant une heure avant d'affronter la pente de front, un second partant immédiatement pour contourner le pic et prendre le troupeau à revers. Le premier groupe comptait le Sultan, accompagné de son lévrier, de Magued, Idil et Nitran. Siméon, Iguinaga et moi resterions avec eux. Le second groupe rassemblait les plus jeunes : Hiram, Marik, Barbas, Taïn, Rassan, Antoine et Zamma. [[ceux_-ci|Ceux-ci]] prirent leurs arcs et arbalètes et partirent à l'assaut des hauteurs. <br>\\ <br>\\ Nous attendîmes une heure, profitant de cette pause bienvenue. Il faisait frais et l'on voyait sur les sommets les plus élevés des plaques de neige étincelant au soleil. Je devinais que certains chasseurs retrouvaient dans ces paysages bruts le souvenir de l'Atlas aux reliefs bruts et escarpés. L'un d'eux entama d'ailleurs un chant de berger en berbère. Une vague d'émotion étreignit leurs coeurs. Il régnait un brûlant parfum de nostalgie et je ne pus m'empêcher de partager leur sentiment. Et puis, ce fut le moment. Nous nous mîmes en route, dévalant le flanc du vallon avant d'atteindre le versant opposé tout en haut duquel paissait le troupeau. Je demandai à Nitran :\\ - (Korman) [[dites_-moi|Dites-moi]], quelle est la portée de votre arme ?\\ - (Nitran, ravi) Deux fois celle de l'arc ! En fait, l'arbalète est plus précise à longue distance car le carreau est plus lourd, plus massif que la flèche. Il n'est pas dévié par le vent, d'où un impact et une précision bien supérieurs ! » En fait, Nitran pestait intérieurement car la démonstration de la veille n'avait rien donné. Il était énervé contre les généraux qui, non contents de lui refuser le marché espéré, avaient abattu un sanglier à l'arc. Il était évident que des hommes expérimentés pouvaient faire des merveilles avec un arc. Mais l'arbalète était si facile à apprendre pour les simples soldats !<br>\\ <br>\\ \\ Siméon et moi grimpions comme des cabris. Nous trouvions la voie la plus facile, nous fiant à notre instinct qui se révélait en ce jour fort performant. Notre ascension fut assez rapide et nous arrivâmes à proximité des bouquetins. La tension parmi les chasseurs était presque palpable. Nous entendîmes du bruit. Le deuxième groupe arrivait par l'autre versant mais de manière moins discrète. Les bouquetins levèrent la tête et, rapidement, se mirent à sauter sur la paroi dans notre direction. Tout à coup, le troupeau se divisa. Une partie descendait vers nous, une autre grimpait vers le sommet, menée par le chef dont les cornes étaient immenses. Je regardai le Sultan et lui proposai de suivre le chef des bouquetins. Il opina de plaisir. Ouvrant la marche, je décochai au passage un regard noir à Nitran qui comprit qu'il valait mieux pour lui de ne pas réitérer l'erreur du premier jour. Je guidai le Sultan, bien décidé à lui donner l'avantage. Dans l'autre groupe, Hiram avait décidé de monter plus haut, tandis que d'autres attaquaient les bouquetins qui descendaient.<br>\\ <br>\\ J'avais opté pour la discrétion. Progressant sans bruit vers le haut, je cherchais un passage qui nous permettrait de gagner du temps. La chance était avec moi. Je venais de trouver LA voie : une longue cheminée circulant entre deux parois étroites. Abi Nassif me regarda, halluciné, grimper dans ce conduit inespéré. Il me suivit, constatant que nous avions disparu du regard des autres chasseurs et que notre montée s'en trouvait incroyablement accélérée. Siméon nous avait vus partir à l'écart. Voyant notre trouvaille et notre progression, il décida de ne pas se fatiguer outre mesure. Il lança un sort et se mit léviter dans le conduit, faisant semblant de s'accrocher aux prises dans la paroi. Pendant ce temps, je venais d'atteindre le haut de la cheminée et je sortis en silence, suivi peu après du Sultan puis de Siméon.<br>\\ <br>\\ Devant nous, une grande étendue de pierres, parsemée de petites touffes d'herbe sèche. Les bouquetins n'étaient pas loin. Le mâle dominant se tenait à l'écart tandis que les écagnes (les femelles) et quelques mâles retrouvaient leur calme. Abi Nassif me désigna les plus proches, à portée de tir. Sans dire un mot, nous prîmes nos arcs, tendîmes la corde et, blong ! les cordes vibrèrent. Les deux flèches filèrent et se plantèrent dans leurs cibles. Abi Nassif avait atteint une écagne au cou. Elle s'enfuit avant de s'effondrer. Ma cible fut touchée dans le flanc et prit la poudre d'escampette. Les autres bouquetins, apeurés, repartirent en fuite. Le chef nous regarda, ses deux grands yeux noirs nous lançant des éclairs de colère. Il bondit vers le sommet, suivi de son troupeau. Nous entendîmes des plaintes non loin de nous, ainsi que des aboiements. Les autres chasseurs arrivaient et pestaient en voyant les bouquetins s'enfuir. Le lévrier du Sultan arrivait aussi, ayant très intelligemment opté de suivre les dignitaires pour retrouver son maître qu'il avait été incapable d'accompagner dans la cheminée. Mais la chasse était devenue une course. Nous ne les attendîmes pas et, tous les trois, nous traversâmes le champ de gravat, suivant le troupeau déjà loin.<br>\\ <br>\\ Je marchais rapidement, bénissant la magie qui me permettait de transcender la blessure. De temps en temps, je me retournais et m'arrêtais, voyant Abi Nassif et surtout Siméon peiner dans la montée. Si la pente était assez douce, la montée précédente semblait les avoir fatigués et les cailloux roulant sous les pas rendaient la progression plus difficile. Je vis alors derrière Siméon un nouveau larron : Magued ! Le fils du Sultan avait profité de notre ralentissement pour nous rejoindre. Il était jeune et semblait peu essoufflé. Gambadant près de lui, le lévrier blanc jappait joyeusement. Les bouquetins, eux, avaient pris de l'avance.<br>\\ <br>\\ Au bout du champ de gravier se dressait une falaise. Nouvel obstacle. Siméon s'assit un instant. Je fis appel à mes connaissances de la chasse et à mon intuition. Les bouquetins grimperaient sûrement vers les hauteurs pour nous semer et, après un bon bout de temps, croyant le danger écarté, redescendraient pour manger. S'ils nous voyaient arriver, ils continueraient leur progression. En même temps, à force de grimper, ils se retrouveraient bloqués. Magued, lui, ne s'embarrassa d'aucune stratégie et entama la montée. Siméon m'interrompit dans ma réflexion pour me suggérer de me lancer un Rego Corpus afin de léviter moi aussi. Ensemble, nous pourrions aider le Sultan à grimper plus facilement. J'acquiesçai et lançai le sort. Nous nous soulevâmes et, faisant semblant de nous agripper ici et là, nous encadrâmes le Sultan et entamâmes l'escalade. Mais j'étais fatigué moi aussi et je perdis un instant la concentration. Cela suffit pour interrompre le sort et je tombai au sol trois mètres plus bas. Nouvelle blessure et une douleur très brève. Je me relevai péniblement, pestant contre le mauvais sort et craignant de ne pouvoir terminer la journée debout. Magued, déjà haut, ricana. Il grimpait vite, le bougre. Siméon et Abi Nassif me rejoignirent. Le Sultan semblait un peu dépité. « Qu'à cela ne tienne ! [[fis_-je|Fis-je]] d'une voix enjouée. Nous allons trouver une autre voie. » Quelques instants plus tard, nous la trouvions et repartions à l'assaut de la montagne.<br>\\ <br>\\ Lorsque nous atteignîmes le haut de la voie, nous nous retrouvâmes sur un plateau de pierre. Magued était là, reprenant son souffle. En nous voyant, il étouffa un juron. Ah ! Jeunesse imbue d'elle même. Je me retins de sourire et avisai la difficulté qui nous arrêtait. [[au_-dessus|Au-dessus]] de nous, à quelques mètres, un gros surplomb barrait le passage. À moins que l'un de nous ait une corde et soit en mesure de jouer l'acrobate pour le franchir de front, nous étions condamnés à trouver un autre passage. Aucun d'entre nous n'avait une corde et Magued, bien décidé à se faire le chef bouquetin avant son père, venait de repartir vers la gauche le long de la muraille, en quête d'une voie permettant de contourner le surplomb. Je le suivis, histoire de lui mettre la pression et, pour une fois, profiter de son travail ! Ce n'était qu'un faible dédommagement après tous les problèmes qu'il avait créés à l'occasion de cette chasse. Petit con ! Bien m'en prit car il trouva un passage.\\ <br>\\ <br>\\ Derrière moi, le Sultan suivait, Siméon sur ses pas. À un moment, je passai au-dessus d'un trou dans la corniche que j'empruntais le long de la paroi. Je ne faisais pas attention au vide qui s'ouvrait sous mes pas. Mieux valait ne pas donner de prise à un quelconque vertige. Abi Nassif voulut faire de même mais se retrouva coincé, un pied à chaque extrémité du vide, incapable ni d'avancer ni de reculer. Siméon s'approcha et lui proposa sa main. Au moment où Abi Nassif déplaçait son pied droit, Siméon glissa ! Le Sultan poussa un cri, plongeant dans le vide ! Il se rattrappa d'une main et son corps décrivit un arc de cercle qui le ramena à la corniche. Il s'y agrippa et remonta. Siméon était suspendu lui aussi et remontait lentement. Je poussai un profond soupir de soulagement. Il avait été moins une !<br>\\ <br>\\ <h2>14. Duel au soleil</h2>\\ Nouveau plateau. Le sommet était devant nous, étincelant sous une fine couche de neige. Une crête y conduisait, qui démarrait sur la gauche du plateau et longeait toute la longueur qui nous faisait face. Elle décrivait une légère courbure vers l'extérieur. Chemin long mais plus ou moins sûr. Car son versant devant nous était vertical, tombant sur le plateau. Il y avait sans doute moyen de couper à travers le plateau et de grimper ce versant directement vers le sommet. C'était un chemin plus court mais ô combien plus dangereux. Les bouquetins, eux, étaient sur la crête. À portée de tir. Le Sultan et son fils bandèrent leur arc. Abi Nassif m'interrogea du regard. Je souris et pris mon arme également. Nous tirâmes ensemble. Trois buts ! Nos cibles s'effondrèrent. Mais si le bouquetin du Sultan tomba de notre côté, dévalant la falaise pour tomber sur le plateau, les deux autres disparurent derrière la crête. Magued poussa un grognement et je me retins de pester à mon tour. Le reste du troupeau, réduit à quelques têtes, poursuivit sa course jusqu'au sommet. Abi Nassif se tourna vers nous :\\ - (Abi Nassif) Il n'y a qu'un trophée. Nous sommes arrivés ici ensemble. Maintenant, c'est chacun pour soi. Je vous propose un défi : au premier qui tuera le chef du troupeau !\\ - (Magued) Merci, père, de me laisser ma chance. » Et sans plus tarder, Magued fila à travers le plateau, en direction de la falaise. Il allait prendre la voie directe, la voie la plus risquée. Bah ! Qu'il essaie ! Et finalement, je ne voulais pas m'inquiéter pour sa santé !\\ <br>\\ <br>\\ <img src="http://www.casimages.com/img/jpg/07101704491921721331552.jpg" align="left" border="0" style="margin-right: 10px" width=800 /> Abi Nassif se mit à courir, lui aussi, mais en direction de la crête. Siméon, toujours en lévitation, le suivit, faisant parfaitement semblant de marcher. Je bondis à leur suite, bien décidé à veiller sur le Sultan. J'observai Magued qui avait déjà atteint la muraille de pierre. Il grimpait avec une adresse étourdissante, comme s'il avait fait cela toute sa vie. Son père avait dû le voir car il semblait sous pression (je me rappelai que j'étais moi aussi son concurrent et que je le poursuivais), prenant des risques fous. Il courait sur la ligne, entre deux précipices, faisant rouler les cailloux, sautant au-dessus des premières plaques de neige. Soudain, l'accident. Il dérapa, brandit les bras en l'air, avant de basculer dans le vide. Ses mains saisirent le bord de crête et il se retrouva suspendu. Son arc poursuivait sa chute, rebondissant sur la falaise et faisant tomber des gravats qui plongèrent à leur tour... sur Magued. Le jeune homme entendit le danger plus qu'il ne la vit. Il fit un bond de côté et évita les pierres de justesse.<br>\\ <br>\\ Siméon avait déjà tendu la main, aidant le Sultan à revenir sur la crête. Il semblait excessivement contrarié. Je savais que m'arrêter à mon tour ne ferait qu'accroître son sentiment de honte. Il voulait une vraie chasse, une véritable concurrence. Je me fis un point d'honneur de la lui fournir. Je les contournai pendant qu'ils se relevaient tous deux et poursuivis ma course. Le Sultan retrouva le sourire : « Ça, c'est un vrai défi ! » Siméon fit mine de vouloir s'asseoir, visiblement épuisé. Abi Nassif en profita : « Siméon, je suis votre obligé, mais si vous ne chassez plus, me donnez-vous votre arc ? » Siméon ne se fit pas prier et bientôt, Abi Nassif reprit sa course interrompue à mi-chemin sur la crête.<br>\\ <br>\\ Je le vis partir à ma poursuite. En bas, Magued semblait bloqué dans un passage difficile. C'était de bonne augure. J'entendis alors un aboiement. Le lévrier blanc venait d'aboutir sur le petit sommet au pied du plateau, là où nous étions arrivés précédemment. Je n'eus pas le temps de voir si des chasseurs l'accompagnaient : Abi Nassif gagnait du terrain et je ne pouvais lui donner de raison de croire que je le laissais gentiment gagner. Je courus de plus belle jusqu'à arriver à portée de tir. Là, à portée de mes flèches, les bouquetins se pressaient autour du sommet, autour de leur chef aux cornes démesurées. Ils paniquaient. Je ne voulais pas provoquer un mouvement qui pourrait s'avérer désastreux. Je ralentis et encochai une flèche. Abi Nassif était derrière moi. Soudain, je perdis l'équilibre et me rattrapai sur le versant extérieur de la crête au moment même où le Sultan tentait de me dépasser par là. Nous remontâmes sur la crête. Magued, lui, n'était plus qu'à 10 mètres sous le sommet. Le chef bouquetin piétinait de nervosité, ne sachant plus que faire. Le Sultan essaya alors de me prendre de vitesse et voulut me dépassai par la droite, côté falaise. Je fis mine de vouloir l'en empêcher et de rater. Il profita de l'avantage pour bondir devant moi avec exultation.<br>\\ <br>\\ Abi Nassif était maintenant tout près. Il bandait son arc sans cesser de courir. Resté en arrière, je pris le temps de viser. Sur le sommet, le mâle dominant se cabra légèrement en arrière, bombant le torse et dressant haut ses cornes dans une attitude de défi. Il était majestueux. Menant son rôle de chef du troupeau jusqu'au bout, il poussa des sifflements. Les écagnes comprirent le signal et bondirent dans une dernière tentative pour fuir. Certaines plongèrent du haut de la falaise et s'écrasèrent sur le plateau. Le mâle, lui, restait sur le sommet, le prolongeant de toute sa hauteur, décidé à faire un ultime barrage. Abi Nassif tira. Sa flèche siffla et passa au-dessus de l'encolure du bouquetin. Le Sultan, sans cesser sa course, agrippa une nouvelle munition dans son carquois et encocha. Je profitai du peu d'espace qui demeurait entre eux pour faire une dernière tentative : je tirai à mon tour et ma flèche se planta dans la poitrine de la bête. Mais l'animal ne bougea pas. C'était comme s'il n'avait rien senti. J'admirai la puissance de l'animal doté d'une peau aussi épaisse et abaissai mon arc : « Au moins, pensai-je, Abi Nassif pourra penser que j'ai tenu le pari jusqu'au bout. Maintenant, si je tire, je risque de le blesser. La bête est à lui. » Et, avec le sentiment du devoir accompli, j'admirai le duel qui commençait.<br>\\ <br>\\ Le Sultan était désormais au corps à corps avec le bouquetin. Il lâcha son arc et se précipita sur l'animal dont le pelage éclatait de beige sous le soleil et le ciel bleu. Bien que dominé par la taille de la bête, il allait l'attaquer aux poignards. Je vis Magued toujours coincé sur sa falaise, grimpant péniblement en râlant. J'entendis le lévrier blanc qui aboyait derrière moi, bloquant la fuite des femelles qui tentaient de descendre sur les flancs de la crête. Devant, les lames brillèrent au soleil et plongèrent. L'animal saignait là où ma flèche s'était plantée. Il allait périr sous les coups du Sultan. Soudain, je le vis faire un mouvement en arrière, évitant les lames et jetant la tête en arrière. Puis, dans un mouvement de contre-balancier, il plongea la tête en avant et frappa avec ses cornes de toutes ses forces. La tête du Sultan éclata sous le coup. Il resta un instant immobile, avant de tomber sur la pente extérieure, la dévalant vers le vide. Je vis alors, figé de stupeur, le bouquetin ricaner. Un étrange sifflement émana de sa gueule, tout à fait différent de celui qu'il avait poussé auparavant. Il bondit, faisant exploser le sommet dans un nuage de neige et de poussière, et vola dans les airs... jusqu'au petit sommet d'où nous étions partis. Un bond de 50 mètres !!! Je n'eus pas le temps de réfléchir davantage et bondis sur la pente, à la poursuite du Sultan.<br>\\ <br>\\ {> Suite [[amresume_20071012bis|page 2]]}
Revenir à la page
Amresume 20071012
.
Outils personnels
Connexion
Espaces de noms
Page
Discussion
Variantes
Affichages
Lire
Voir le texte source
Afficher l'historique
Actions
Rechercher
Navigation
Accueil
Communauté
Actualités
Modifications récentes
Page au hasard
Aide
Boîte à outils
Pages liées
Suivi des pages liées
Pages spéciales